En marge des panels, hier, la Ministre de l’Industrie, Mme Salamatou Gourouza, le commissaire au commerce et à l’industrie de l’Union Africaine, M. Albert Muchanga, la directrice du centre du commerce international (CIC) et le représentant de l’Union Européenne au Niger ont officiellement dévoilé, les résultats du diagnostic pour le développement des chaines de valeur en l’Afrique intitulé ‘’Made By Africa‘.
L’objectif de ce rapport est de faire un diagnostic innovant de la chaine de valeur afin de transformer les opportunités en réalité et de recenser les secteurs à plus fort potentiel pour le développement durable des chaines de valeur en Afrique.
Il ressort de ce rapport trois priorités des chaines de valeur à savoir, la ZLECAf : croissance et intégration de l’Afrique, les opportunités dont 94 chaines de valeurs dans 23 secteurs ainsi que les chaines de valeur pilotes dont 4 sur 94.
La pandémie de Covid-19 et le changement climatique sont les défis majeurs qui menacent les chaines de valeur en Afrique, selon le rapport.
En effet, la ZLECAf crée des opportunités sans précèdent pour la croissance et la transformation du continent africain. Sur l’ensemble du continent, au moins cinq pays africains ont un avantage comparatif pour ce qui est des intrants et des extrants de ces chaines de valeur.
Selon le document, l’Afrique importe chaque année, en provenance d’autres continents pour plus de 53 milliards d’euros la production finale de ces chaines. Ainsi donc, la demande d’importation africaine dans les 94 chaines de valeur devrait augmenter de 97% jusqu’en 2026, soit plus que la croissance moyenne de la demande de 68% dans tous les secteurs.
Les chaines de valeur prometteuses sont les 4 chaines pilotes : les produits pharmaceutiques, les automobiles, les vêtements en coton et les aliments pour nourrissons.
En fin, le diagnostic de la chaine de valeur et l’analyse connexe des défis et des recommandations constituent un point de départ afin de faciliter les discussions politiques et d’éclairer la conception des stratégies et des projets ainsi que les décisions d’investissement aux niveaux continental, sous régional et national.
Les résultats et les recommandations issues de ce rapport, sont utilisés par l’ITC et ses partenaires dans la conception des projets d’assistance technique et alimente le comité directeur inter-agences sur les chaines de valeurs, dirigé par la commission de l’Union Africaine.
Le ministère de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes a organisé un panel sur le thème :«des évaluations multisectorielles comme condition de succès». Ce panel a été aminé la cheffe de division du centre de développement et de transformation économique de l’organisation de coopération et de développement économique (OECD), Dr Annalisa Primi ; l’économiste de l’OECD, Dr Abdoul Fadh Fofana et le chef de division industrialisation de l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (AUDA NEPAD), M. Kosi Tourasi.
Plusieurs sous thèmes ont été absorbés au cours de ce panel. Il s’agit entre autres des chaines de valeur industrielle et régionale, des partenariats et alliances pour réaliser l’industrialisation de l’Afrique, de partage d’expérience sur les activités réussies dans le cadre de l’industrialisation de l’Afrique. Ce panel vise à identifier les critères permettant la réalisation d’une approche multisectoriellelors de la conception et de la mise en œuvre du programme pour vérifier s’il existe l’intégration de dimensions multisectorielles qui sont co-créées avec les parties prenantes nationales et régionales. Il s’agit à terme de promouvoir une approche multisectorielle avec l’ensemble des institutions impliquées dans la mise en œuvre des programmes d’industrialisation. La conception, la planification et la mise en œuvre de ces programmes seront influencées par de multiples facteurs tels que des facteurs économiques, sociaux, politiques, culturels, démographiques et écologiques.
Pour la Cheffe de division du centre développement et transformation économique de l’OECD, Dr Annalisa Primi, la question sur les approches multisectorielles et multidimensionnelles est importante pour le développement de l’Afrique. «Nous avons crée au niveau centre de développement, un dialogue politique sur les chaines de valeur et la transformation productive dans laquelle nous travaillons avec l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et les pays de l’OCDE sur les politiques industrielles. Nous proposons des avis aux gouvernements dans la mise en œuvre des stratégies de transformation économiques».
Dr Annalisa Primi a ajouté que le centre développement et transformation économique de l’OECD a développé un outil intitulé ‘’Examen des politiques de transformation économique (EPTE)’’.
«Avec cet outil, nous avons travaillé avec le gouvernement de l’Egypte, aujourd’hui nous travaillons avec le gouvernement du Togo et nous espérons évidement pouvoir contribuer à apprendre des expériences africaines avec les autres pays et les secteurs privés africains. Nous faisons également de la coordination entre les différents acteurs pour qu’ils arrivent à travailler ensemble».
Selon le chef de division industrialisation de l’Agence du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (AUDA NEPAD), M. Kosi, les activités de l’NEPAD dans le cadre de l’industrialisation, la science, la technologie. «En termes de développement sectoriel, nous avons mis en place au niveau du comphensive Africa Agriculture Développement Programme (CADEP) et du mécanisme de compact et dans plusieurs Etats, un mécanisme qui nous permet d’agir, de communiquer et de regrouper tous les acteurs de développement et cela nous permet d’avoir une vision claire de ce que nous faisons», a-t-il affirmé.
Pour l’économiste de l’OECD, Dr Abdoul Fadh Fofana, la thématique sur l’industrialisation nous amène de voir de façon holistique, les décisions qu’il faut dans le cadre du développement de nos économies. «Nous allons essayer de partager des expériences avec les acteurs concernés. Nous avons au niveau de l’OECD, un outil assez innovant, assez smart qui essaye de prendre en compte toutes les dimensions dans les politiques de développement».
«Développer et renforcer les principales chaines de valeurs régionales à l’échelle continentale en Afrique» est le thème du panel animé par des experts et techniciens en la matière.
Pour l’Union Africaine, l’Union Européenne et le Centre du commerce international, les principaux porteurs du projet de panel, la mise en place d’un marché unique doté d’un cadre règlementaire clair et solide dans les 54 pays signataires de la ZLECAF favorisera le développement de nouvelles chaines de valeurs régionales présentant « un immense potentiel supplémentaire pour accroitre le commerce à valeur ajoutée et l’emploi ». Ils tablent sur les 1,3 milliard de consommateurs africains et son dédoublement vers 2050 qui devrait créer de fortes incitations à l’investissement.
Les panelistes ont planché sur les possibilités de chaines de valeurs les plus prometteuses pour l’Afrique et se sont attardés sur les secteurs de l’automobile, des vêtements en coton, des produits pharmaceutiques et des aliments pour nourrissons. Ces derniers font partie de 94 chaines de valeurs rentables pour l’Afrique identifiés par l’ITC, mandaté par la direction générale des partenariats internationaux de la commission européenne, lors de son diagnostic des chaines de valeur. L’étude de diagnostic des chaines de valeurs a réussi à « recenser les secteurs à fort potentiel pour le développement durable des chaines de valeur en Afrique et les goulots d’étranglement qui empêchent les entreprises de réaliser pleinement ce potentiel ».
Les interventions ont fait ressortir que le renforcement du commerce inter-régional est à même de soutenir la croissance inclusive en bénéficiant davantage d’entreprises appartenant à des femmes. Il est souligné que seule 18% des entreprises au niveau continental sont dirigés par des femmes. L’inclusion effective des femmes dans les secteurs économiques en Afrique est identifiée comme nécessaire pour aboutir à l’industrialisation sur le continent et à la diversification de son économie.
«Décarbonisation de l’industrie africaine» est l’un des thèmes qui a également été abordé.
Les panélistes ont planché sur l’étude qui a été réalisée pour faire le point sur l’état actuel des pratiques ESG (Environnemental, sociétal et de gouvernance) dans le secteur privé africain dans la perspective d’identifier les défis, risques et opportunités et élaborer des recommandations stratégiques. Il ressort de cette étude sur les pratiques ESG dans le secteur privé africain que l’ambition est d’améliorer la compétitivité de l’industrie africaine, dans un contexte où la durabilité devient un déterminant essentiel de la compétitivité, et aussi la création d’un marché africain inclusif et durable ancré sur la ZLECAf.
«Nous avons mené des entretiens et développé des études de cas pour les principales entreprises et organismes de certification des chambres de commerce, en nous concentrant sur les moteurs de l’ESG , la décarbonisation, les défis, risques et opportunités associées», a relevé M. Jean-Bertrand Azapmo, conseiller principal à la Commission de l’UA pour ETTIM. Il a par ailleurs expliqué que, si l’ESG en particulier est encore naissant dans le secteur privé africain dans son ensemble, certains secteurs progressent. Alors que les exigences de durabilité dans les chaînes de valeur mondiales sont un moteur important de l’ESG pour les entreprises, la demande africaine de biens de consommation durables commence à croître.
Ainsi, un certain nombre d’entreprises de premier plan en Afrique ont des modèles commerciaux qui entraînent directement la décarbonisation. Ces entreprises comprennent la valorisation énergétique des déchets, les produits forestiers, le solaire. D’autres entreprises démontrent un autre moteur majeur de la décarbonatation à savoir, l’avantage concurrentiel de l’adoption d’une approche d’économie circulaire à faible émission de carbone, la réduction des coûts, l’amélioration de la productivité et le développement de nouvelles sources de revenus à partir des déchets et même des crédits carbones.
L’engagement à réduire les émissions de carbone conformément aux objectifs mondiaux par le biais de l’ITBS n’est pas encore commun en Afrique. Les résultats de l’étude ont démontré que les entreprises de 11 pays africains ont fixé des objectifs de réduction des émissions en accord avec les objectifs mondiaux. L’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Île Maurice comptent le plus grand nombre d’entreprises ayant fixé des objectifs. En plus de ces entreprises, un certain nombre d’autres se sont engagées à fixer des objectifs dans un délai d’un mois en Afrique du Sud, au Kenya et en Égypte.
Le SBTI permet aux entreprises de fixer des objectifs de réduction des émissions afin d’atteindre un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et propose aux entreprises des méthodes conformes à la science du climat. Les objectifs sont fixés de manière indépendante.
Pour parvenir à des émissions nettes nulles, l’Afrique aura probablement besoin de 2.000 milliards de dollars d’investissements supplémentaires au cours des 30 prochaines années, dont la majeure partie pour remodeler le secteur de l’électricité. Cependant, d’importants obstacles à l’accès au financement vert en Afrique subsistent. En gros, ces obstacles sont de deux ordres : Le manque de projets climatiques bancables du côté de la demande. Du côté de l’offre, la disponibilité et l’accès aux investisseurs et au financement. Pour surmonter ces obstacles, il est important de développer un pipeline solide de projets verts investissables, de décarbonisation des industries existantes, ou de nouvelles entreprises vertes.
Il est aussi important d’établir une base de référence solide et un système de vérification des émissions de gaz à effet de serre, de rendre obligatoires les instruments de financement verts qui correspondent aux différents profils de risque et de rendement. Il s’agit notamment des crédits carbones, des assurances vertes, des obligations vertes, des mécanismes de garantie verte et des paiements pour la performance. En outre, bien que le financement du climat par les pays riches augmente, il reste en deçà des engagements pris à la COP 15 de 100 milliards de dollars par an. Il est à noter que la BAD a publié une série de boîtes à outils pour aider les petites et moyennes entreprises à exploiter les opportunités d’investissement vert contenues dans les Contribution Déterminée au Niveau National (CDN) des pays dans le cadre de l’Accord de Paris.
La gouvernance et la mobilisation des ressources financières et non-financières pour l’industrialisation de l’Afrique a aussi abordée..
Selon les organisateurs de l’événement, cette session vise à définir un ensemble concret et consolidé d’orientations sur les ressources financières et non financières à mobiliser pour l’industrialisation et la diversification économique du continent.
Ces ressources doivent être prises en considération, notamment le renforcement des partenariats et l’institutionnalisation des mécanismes de mobilisation et de déploiement des ressources ; la promotion de l’inclusion financière ; la création d’instruments de financement appropriés et la facilitation des investissements.
Ce panel a été animé à travers une discussion de haut niveau centrée sur, entre autres, sur le problème d’accès à la terre ; l’impôt ; la fuite des capitaux ; la facilitation de garantie ; l’amélioration du cadre institutionnel ; la mise en place d’un fonds pour accompagner les entreprises ; l’amélioration du climat des affaires, le soutien aux PMEs et une vision affichée des pays en politique industrielle.
Les différents intervenants ont noté la nécessité d’accompagner les entreprises notamment les PME et ont à cette occasion proposé des pistes d’orientations pour accélérer la mobilisation des ressources.
Par Tamtaminfo News