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AN 29 DU COUP D’ETAT DU 27 JANVIER 1996…

AN 29 DU COUP D’ETAT DU 27 JANVIER 1996…

Le Président BARE a accédé au pouvoir en janvier 1996 par un coup d’Etat opéré suite à un blocage institutionnel, dans une situation économique caractérisée par la chute des cours de l’uranium amorcée au début des années 80, la dévaluation du Franc CFA intervenue en 1994, et une crise de la dette et des déficits publics engendrés par des politiques publiques inappropriées.

C’est dans ce contexte difficile que le président BARE a dû opérer des choix économiques et sociaux souvent très difficiles qui ont permis au Niger de sortir de l’ornière.

ACTE 1 – Promotion de la culture, de la paix et de l’unité nationale.

Le couple paix et développement sont inséparables, c’est pourquoi cette action a été placée à la tête de toutes les œuvres du Président BARE qui a grandement œuvré pour la Restauration et la Consolidation de la paix et l’unité nationale avec notamment la mise en application des accords de paix du 24 avril 1995 et la signature de quatre autres accords additionnels de paix

La Réhabilitation des mémoires de ses illustres prédécesseurs.

ACTE 2 – Renforcement de la sécurité nationale et de l’intégrité territoriale

Par la restauration du moral des Forces de Défense e la création, en 1998, de la Force Multinationale Conjointe, entre notre pays, le Nigéria et le Tchad, le renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité en créant le Prytanée militaire de Niamey (PMN) en 1997, lieu d’excellence, et de l’Ecole des Cadres ancêtre de l’EFOFAN (l’Ecole de Formation des Officiers des Forces Armées Nigériennes).

ACTE 3 – Le Redressement économique et financier du Niger passé par un diagnostic de la gestion des finances publiques marqué par des déficits budgétaires importants, qui se sont traduits par la constitution d’un important stock de dettes et d’arriérés intérieurs et la perte de la crédibilité de l’Etat.

ACTE 4- La conception et la mise en œuvre d’une véritable diplomatie économique et d’une intelligence économique novatrice 

Acte 5 – Mise en œuvre d’un projet intégrateur de boucle ferroviaire visant le désenclavement du Niger et la mise en valeur des ressources minières inexploitées 

ACTE 6 – Promotion de la Gouvernance Economique par la réintroduction et la promotion de la planification et de la prospective économique 

ACTE 7 – Mise en œuvre de la décentralisation par la conception et l’adoption des textes y relatifs

ACTE 8 – Négociations pour le rééquilibrage des pouvoirs dans le partenariat avec les sociétés minières opérant au Niger 

ACTE 9 – Lutte pour l’autosuffisance alimentaire  

Dès sa prise de pouvoir en janvier1996, il opte pour une lutte acharnée pour assurer l’autosuffisance alimentaire et cette politique a été déclinée plus tard dans le Plan de Relance Economique (PRE) comportant plusieurs volets (agriculture, élevage, sylviculture, etc..), notamment la promotion de la culture irriguée pour lutter contre le déficit agricole. 

ACTE 10 – Promotion du secteur éducatif au rang de priorité par la Promulgation de la LOSEN, Loi d’Orientation du Système Educatif Nigérien, inédite en son genre, qui définit toutes les orientations du système éducatif national du primaire au supérieur. Un Lycée d’Excellence a été créé pour cultiver le sens de l’effort et encourager les jeunes nigériens à rechercher l’excellence par une saine compétition.

Acte 11 : Amélioration de l’environnement des affaires

Acte 12  Elaboration et mise en œuvre d’une Politique Environnementale 

Dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992, le Président Baré a mis en œuvre l’Agenda 21 par l’adoption en 1998 de la Loi N° 98- 56 du 29 décembre 1998  relative à la Gestion de l’Environnement. La finalité du Plan  National  de  l’Environnement  pour  un Développement Durable (PNEDD).

ACTE 13 – Promotion de la culture et de la Jeunesse 

Négociation et obtention de l’organisation à Niamey, pour l’année 2005, des cinquièmes Jeux de la Francophonie, qui ont permis la réalisation d’importants travaux d’infrastructures dans la ville de Niamey et l’organisation en 1998, en plein désert, du premier Festival International de la Mode Africaine (FIMA). 

Par Djibrilla Baré Mainassara  ECONOMISTE – Ancien Conseiller Spécial du Président de la République, Chargé des Questions Economiques et Financières 

ENTRETIEN ACCORDE PAR LE COLONEL IBRAHIM BARE MAINASSARA, PRESIDENT DU CSN ET CHEF DE L’ETAT  A AMADOU OUSMANE SUR LE COUP D’ETAT DU 27 JANVIER 1996 PUBLIE DANS  « L’ITINERAIRE »AUX EFITIONS ASSOULI EN MAI 1996

Pour mieux cerner les contours de ce coup d’Etat du Colonel BARE survenu le 27 janvier 1996, je vous propose des extraits des pages 92 à 95 du livre autobiographique du Président Baré réalisé par Amadou Ousmane, Ecrivain Emérite.

Amadou OUSMANE ; En avril 1995, pendant la Cohabitation, les choses ont commencé à aller mal entre les deux responsables de l’Exécutif qu’étaient Mahamane Ousmane et Hama Amadou. Vous qui les connaissez si bien – ils sont tous deux vos amis – qu’avez-vous pensé et surtout, avez­ vous tenté de les raisonner ?

J’ai trouvé proprement scandaleux, et surtout très dommage pour ce pays, que des responsables à ce niveau ne fassent pas l’effort de s’élever à la hauteur de leurs responsabilités. Je me disais que même si sur le plan strictement personnel, ils avaient des griefs l’un contre l’autre, ils pouvaient quand même inciter leurs cabinets respectifs à engager le dialogue pour rechercher une solution honorable pour tous, au lieu de se livrer à cette interminable guerre de communiqués qui a tant en­ taché l’image de notre pays à l’extérieur et ridiculisé la classe politique à l’intérieur.

Personnellement, j’ai fait comprendre au Président Mahamane Ousmane, en utilisant des métaphores, que quel qu’ait pu être le comportement du Premier Ministre, c’était à lui, Chef de l’Etat, de se mettre pour ainsi dire dans la peau du grand frère, et même de ‘’Père de la nation” et de se montrer en conséquence plus conciliant. Je lui ai rappelé tout le poids du serment qu’il a fait devant la Nation.

Et il ne vous a pas écouté?

Non, puisque les choses ont continué. Il ne pouvait pas m’écouter, parce que manifestement, il était l’otage des militants de son parti qui le poussaient à la résistance, alors même qu’il avait là une occasion en or de s’affranchir de leur tutelle et de celle de l’AFC.

Après tout, l’échec de ce qu’on appelait alors la Mouvance présidentielle aux élections législatives anticipées du 12 janvier 1995 leur est d’abord imputable d’une certaine façon. Il lui suffisait donc d’en tirer les leçons et se repositionner dans son rôle de « Président de tous les Nigériens », en s’élevant au-dessus de la mêlée, et en laissant au Premier Ministre la responsabilité de la gestion gouvernementale. Au lieu de quoi, il s’est mis à bouder les réunions du Conseil des Ministres, puis à comploter contre le gouvernement pour empêcher celui-ci de réaliser le programme pour lequel il a été porté au pouvoir.

François Mitterrand a dû, j’imagine, avaler bien des couleuvres durant sa “difficile” cohabitation avec Jacques Chirac; mais comme tous deux avaient su mettre en avant les intérêts de la France avant les leurs, les choses ont pu se passer sans dommages pour leur pays…

Est-ce à dire que vous ne reconnaissez aucun tort au Premier Ministre Hama Amadou dans ce qui s’est passé?

Ah, ça sûrement pas! Je l’ai dit: Hama Amadou était Premier Ministre, et à ce titre, avait la lourde responsabilité de la gestion du pays à un moment où la situation était particulièrement difficile sur le plan économique et social notamment. Il se devait donc de prendre des initiatives pour en sortir … un peu comme quelqu’un qui a le dos au mur. Cela l’a poussé à commettre certains excès comme le fait de présider un Conseil des ministres en l’absence du Chef de l’Etat, ou ces mesures nominatives qu’il a prises en toute illégalité.

Le 27 Janvier dernier, vous vous êtes emparé du pou­ voir, avec le soutien d’un groupe d’officiers. Com­ ment ce groupe s’était-il formé? 

De la façon la plus naturelle; ce qui n’étonnera per­ sonne, puisque nous sommes tous du même corps, et de surcroît à quelques nuances près, de la même génération.

Lorsque la situation politique de notre pays a atteint un certain degré d’inquiétude. Nous étions d’autant plus préoccupés que l’on s’acheminait inexorablement vers un affrontement entre militants des deux camps. Ce qui n’aurait pas manqué de déboucher sur une guerre civile.

Nous en avons parlé entre nous, et c’était mon rôle, en ma qualité de Chef d’Etat-major des FAN, d’en tirer les conclusions et d’imaginer ce qu’il convenait de faire. C’est ainsi que la« machine » s’est mise en route pour opérer le changement qui s’imposait.

Cela a donc fait réellement l’objet d’un débat entre vous les officiers ?

Tout à fait! Mais il a fallu attendre que les choses at­ teignent un point de non-retour.

Ça voudrait dire que le coup d’Etat a été programmé longtemps à l’avance ?

Il est juste de recoll1J-aître que nous avons pris la décision da• le faire juste quelques mois auparavant, lorsque nous avions senti que le climat politique s’était gravement détérioré et que l’on s’acheminait vers l’affrontement. Par exemple, je peux vous assurer qu’au moment où il y a eu l’ultimatum de l’USTN (Union des Syndicats des travailleurs du Niger), nous étions prêts à passer à l’action s’il n’y avait pas eu une solution.

Par la suite, nous étions à deux doigts de le faire lorsque Mahamane Ousmane était en visite à Zinder, mais il y a eu la visite au Niger, d’une personnalité étrangère, et nous avons dû surseoir.

Avec le Congrès de la CDS et tout ce qui a entouré cet événement, nous avons compris que la coupe était pleine, et n’était pas question pour nous de la laisser déborder.

On a dit que ce sont vos anciens, le Général Ali Saï­ hou et le Colonel Tandja Mamadou qui vous ont encouragé à faire ce Coup d’Etat.

Je peux vous certifier que non !…

On observe que le Conseil de Salut National est composé de douze Officiers. Pourquoi douze et pas treize ou quinze?

Parce qu’il y avait douze missions principales à exécuter dans la conduite du putsch. Nous les avons identifiées, et nous avons réparti les tâches un peu comme on distribue les corvées. C’est aussi simple que cela.

Certains officiers supérieurs ne sont pas membres du Conseil de Salut National… Pourquoi ?

Bien sûr, mais cela n’occulte pas leur valeur ! Ils ont tous parfaitement compris que l’on ne pouvait pas associer le maximum de monde à une entreprise comme celle-là.

Etes-vous sûr que vos onze compagnons du CSN ont la même vision que vous quant à l’avenir du Niger?

Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous entre­ tenons des rapports très confiants, et que nous avons l’amour de notre pays.

Source « IBM – L’ITINERAIRE » de Amadou Ousmane