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Communication du 29 juillet 2024 devant les militants du CD de l’USN et autres invités de la société civile.

Communication du 29 juillet 2024 devant les militants du CD de l’USN et autres invités de la société civile.

Thème : Quels sont les impacts de la réduction historique des prix des hydrocarbures au Niger sur les activités économiques et la vie des nigériens lambda ?

Cette thématique pose la problématique de la gestion des ressources provenant de la vente des pétroliers, comment un pays producteur de pétrole ou des richesses minières se trouve-t-il parmi les derniers du classement général de l’indice du Développement Humain (l’IDH) des Nations Unies ?

En effet, le pétrole est un bon levier du développement économique et social s’il est bien géré.

Les prix des hydrocarbures étaient fixés au Niger jusqu’à 2001 en tenant compte de la voie d’approvisionnement de Bénin et du Togo et par localité à l’intérieur du pays, ce qui avait engendré les prix variant en dents de scie d’une localité à une autre.

Ce n’était qu’ à partir d’août 2001 que ces prix ont été uniformisés sur toute l’étendue du territoire national.
En 2011, le Niger devient pays producteur du pétrole. Ainsi les prix de, l’essence, gas-oil et pétrole lampant en vente dans les stations-services sont fixés par arrêté ministériel.

À partir de 2013 le Niger a enregistré une baisse des prix des hydrocarbures.

En effet, le litre d’essence, est passé à 540 FCFA contre 579 FCFA, celui de gas-oil de 538 FCFA contre 577 FCFA. C’est la seule baisse observée depuis 2011.
Cette baisse avait été contestée par l’ancien porte-parole du gouvernement du président Mamadou TANDJA, le vice –président de l’assemblée nationale, Ben Omar. Il avait dit, selon le projet du protocole d’accord entre le gouvernement de Mamadou Tandja père du pétrole et du nouveau code minier, nigériens, et les chinois, le litre du carburant à la pompe ne devrait pas dépasser le seuil de 350 francs CFA.

Malgré une forte demande sociale, le régime déchu n’a jamais donné suite favorable aux demandes des acteurs sociaux tendant à demander la réduction des prix des hydrocarbures au Niger.

Compte tenu du temps qui nous est imparti, il sera d’abord brièvement développé, l’historique des variations des prix des hydrocarbures au Niger, pendant la période de 1980/ à 1989, puis pendant la période de 2003 à 2017, ensuite pendant la période 2011 à 2017, en fin aborder les motifs de la réduction des prix des hydrocarbures, ses impacts sur les activités économiques et la vie des nigériens lambda.

1/ période 1980/ 1989 :
Durant la période 1980/ 1989, le Niger achetait les produits pétroliers dans les pays du Golfe et le Venezuela en passant par les voies maritimes du Bénin et du Togo.

À l’époque, il existait une caisse de stabilisation et de péréquation des prix.

Dans le secteur aussi névralgique que des hydrocarbures, la caisse autonome de stabilisation et de péréquation des prix s’employait à réguler les prix sur tout le territoire national, ce qui permettrait de s’assurer que le pays est régulièrement approvisionné en produits pétroliers dans une stabilité relative.

La SONIDEP était chargée de la commercialisation des produits pétroliers au Niger, grâce à la stabilisation et la péréquation des prix, elle arrivait à bien s’en sortir, souvent elle versait au trésor public national des sommes annuelles variant de cinq milliards à six milliards de francs CFA comme dividendes, grâce la dite péréquation.

Depuis la disparition de la caisse autonome de la stabilisation et de la péréquation des prix sous recommandations des institutions de Bretton-wood, (la BM et le FMI), les prix des hydrocarbures ont connu une hausse vertigineuse par rapport au pouvoir d’achat du nigérien moyen , car l’Etat ne contrôlait plus les prix, c’était la loi de l’offre et de la demande qui déterminait les prix.

Malgré que le Niger ne fût pas producteur du pétrole pendant la période de 2003 à 2010, les prix des hydrocarbures semblaient être mieux maîtrisés que pendant la période du pétrole.
2/La période 2003 à 2010 :

De 2003 à 2010, la variation des prix des hydrocarbures avait varié en dent de scie.

En effet, les prix de l’essence, de gas-oil et pétrole lampant étaient fixés comme suit :
Année Essence Gas-oil
2003 499 FCFA 466 FCFA
2004 587FCFA 503 FCFA
2005 655 FCFA 534 FCFA
2006 665 FCFA 628 FCFA
2007 653 FCFA 495 FCFA
2008 592 FCFA 489 FCFA
2009 476 FCFA 351 FCFA
2010 506 FCFA 381 FCFA

Pétrole Lampant :
En 2003 240 FCFA
En 2004 340 FCFA
En 2005 434 FCFA
En 2006 408 FCFA
En 2007 495 FCFA
En 2008 480 FCFA
En 2009 351 FCFA
En 2010 381 FCFA

La période de 2011à 2017, période de la production du pétrole avait été marquée par des pressions et autres réclamations en vue d’obtenir une réduction des prix des hydrocarbures mais en vain.

3 / La période 2011 à 2017 :
La période de 2011 à 2017 avait curieusement connu une hausse des prix des hydrocarbures.

De 2011 à 2017 les prix de l’essence, de gas-oil et pétrole lampant sont fixés comme suit :
:
Années Essence gas-oil pétrole
2011 679 655 436
2012 579 538 436
2013 540 538 496
2014 540 538 496
2015 540 538 496
2016 540 538 496
2017 540 538 496

L’attente a été longue, pendant près de douze ans, les citoyens attendaient cette réduction, l’histoire retiendra, grâce à l’arrivée du CNSP au pouvoir les prix des hydrocarbures ont connu une réduction en 2024.
4/ Réduction des prix des hydrocarbures :
Le mercredi 17 juillet 2024, le gouvernement a annoncé, à compter du 23 juillet 2024 au 31 août 2024, le prix du litre de l’essence a passé de 540 à 499 FCFA (prix de 2003), celui de gas-oil de 668 FCFA à 618 FCFA.
L’objectif poursuivi est de permettre de baisser les prix de transport, les prix des produits de premières nécessités.

Car les prix élevés du carburant font augmenter l’indice des prix à la consommation, les coûts des transports et des services. Il augmente également l’inflation, ce qui réduit le pouvoir d’achat des ménages.
D’où la nécessité de faire baisser les prix des hydrocarbures pour faire face à l’inflation.

Par rapport au prix mondial, on peut noter que la baisse de production mondiale du pétrole est faible, les tensions au Moyen-Orient ont eu un faible impact que prévu sur la production mondiale.

La réduction des prix des hydrocarbures a un impact positif sur les activités économiques et les couches sociales la plus défavorisées.

,5/ les Conséquences sur les activités économiques et les citoyens :

La réduction des prix des hydrocarbures a une conséquence positive sur les coûts de la production et des transports, elle fait baisser le coût de revient des produits, ce qui permet de produire davantage à des prix accessibles aux nigériens lambda.

En théorie générale de l’économie, la demande des biens et des services croit ou baisse en fonction des fluctuations de l’offre. Quand les prix des hydrocarbures baissent, les importations deviendront moins chères et les actions pétrolières s’apprécieront ce qui fait la crainte des capitalistes et leurs complices les libéraux, les économistes de la Banque Mondiale et du fonds monétaire international.

Pour le moment, il est très tôt de chiffrer les impacts positifs sur les activités économiques et la vie des nigériens lambda.

Mais sans doute cette réduction historique a commencé à se faire sentir chez les automobilistes et motocyclistes qui se réjouissent aux micros trottoirs de certains médias nationaux.

La problématique qui se pose, la baisse des produits de premières nécessités et autres services risquerait de tarder si les pouvoirs publics ne prennent pas des dispositions diligentes et utiles pour faire respecter ce qui est convenu de commun accord avec les acteurs économiques.

Il appartient aux pouvoirs publics de se réunir avec les différents acteurs économiques afin de bien quantifier l’incidence de la réduction des prix des hydrocarbures sur les prix de revient des biens et services afin d’alléger la souffrance des citoyens nigériens moyens.

Nous avons retenu lors d’un débat que la réduction par citerne à un impact chiffré de 50 000 FCFA par voyage. En prenant la moyenne de 1000 citernes par jour, la réduction aura un impact de 50 millions de francs CFA de gagner sur 1000 citernes par jour, ce qui aura un impact sur les prix de revient des produits industriels de premières nécessités, donc dans le calcul des prix de vente l’industriel tiendrait compte du coût de revient pour faire baisser ses produits, de même que les sociétés d’Etat chargées de la distribution de l’énergie électrique et de l’eau potable, tiendront normalement compte du coût de revient des services en vue de procéder à leur tour à une réduction ou une révision des prix de leurs services.

La nouvelle problématique qui se pose, est de savoir si les fameux experts des institutions de Bretton-woods ne vont pas s’ingérer dans cette affaire de réduction bénéfique aux citoyens pour faire prévaloir leurs célèbres équilibres macro-économiques financiers qui ne tiennent jamais pas compte de la dimension sociale des investissements et des ajustements.

Une autre problématique qui se poserait, est de savoir si les pouvoirs publics pourraient tenir tête à ces institutions sensées aider les pays en voie de développement à se développer mais qui travaillent toujours à les maintenir dans le sous-développement pour mieux aider les grandes puissances mondiales néo-colonisatrices et néo-impérialistes à les piller allègrement.

Nous pouvons dire sans risque de nous tromper, une réduction des prix des hydrocarbures dans un pays à économie extravertie comme Niger peut aider à la création de la richesse et au développement économique et social.

Malgré les difficultés, l’espoir est permis, en effet, la raffinerie du pétrole inaugurée en 2011, produit 20 000 barils par jour, la consommation nationale est de 7 000 barils par jour, les 13 000 barils restants sont destinés à l’exportation vers les pays voisins.

Grace au pipeline et au l’oléoduc la production est 110 000 barils de pétrole brut par jour, dont 20 000 barils destinés à la consommation nationale.

Les 90 000 barils sont destinés à l’exportation, le Niger bénéficie de 25,54 % des recettes d’exportations, soit 22 860 barils par jour, ce qui rapporte près de 600 millions de dollars, soit 360 milliards de francs CFA, ce n’est pas rien !

À partir des revenus générés par les deux usines du pétrole brut et du pétrole raffiné, on peut bien mieux faire pour l’avenir.

Nous pensons que la confédération de l’Alliance des États du Sahel ne va pas courber l’échine, elle tient le bon bout, celui de la conquête de la souveraineté monétaire et économique.

Nous vous remercions de votre attention !

Par Isssoufou BOUBACAR KADO MAGAGI.