Par ce qu’ils réclamaient certains droits en 1944 à Thiaroye, l’armée génocidaire française a tiré à balles réelles, sur soldats africains qui ont sauvé la France du naufrage.
Plusieurs dizaines de ces soldats ont péri et aujourd’hui, l’Afrique rend hommage à ces martyrs.
Le président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé dimanche à Thiaroye cinq mesures phares pour préserver la mémoire des tirailleurs sénégalais et rétablir la vérité sur les événements du 1er décembre 1944.
A l’occasion du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a prononcé dimanche au camp militaire de la localité éponyme, dans la banlieue dakaroise, un discours empreint de solennité et d’émotion, marquant le début officiel des commémorations de cet épisode tragique de l’histoire coloniale française en Afrique.
« J’initierai plusieurs mesures de réappropriation de cette histoire commune avec 16 pays africains », a-t-il déclaré devant plusieurs homologues africains et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Bassirou Diomaye Faye a notamment annoncé l’érection d’un mémorial à Thiaroye, accompagné d’un centre de documentation et de recherche dédié à la conservation et à l’étude de l’histoire des tirailleurs. Il a également indiqué que des rues et des places porteront désormais le nom de Thiaroye, afin d’inscrire cet épisode dans l’espace public et collectif.
Dans un souci de transmission, l’histoire du massacre sera intégrée dans les curricula éducatifs, permettant ainsi aux nouvelles générations de comprendre les sacrifices consentis. Le dirigeant sénégalais a également institué une Journée du Tirailleur, fixée au 1er décembre de chaque année, pour commémorer les victimes et honorer leur mémoire de manière durable.
Ces mesures s’inscrivent dans un processus plus large visant à rétablir la vérité historique. Le président Faye a réaffirmé son engagement à poursuivre les recherches et a sollicité la collaboration des autorités françaises pour accéder aux documents encore classifiés, tout en saluant la reconnaissance du massacre par le président Emmanuel Macron.
« Toutefois, beaucoup de zones d’ombre demeurent, notamment sur le nombre exact des tirailleurs exécutés et les circonstances précises de leur massacre », a-t-il souligné.
Le chef de l’Etat a insisté sur l’importance de la mémoire, mais a précisé qu’il ne s’agissait pas « d’entretenir la colère ni le ressentiment, mais de rétablir la vérité ».
Il a rendu hommage à « tous ceux qui se sont battus pour que la mémoire de Thiaroye ne soit pas oubliée », soulignant que les tirailleurs « n’étaient pas des mercenaires », mais des « héros » qui ont combattu avec « dignité et honneur » pour la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le président Bassirou Diomaye Faye a terminé son discours par un appel à l’unité, estimant que « le massacre de Thiaroye est une blessure, mais aussi une leçon (…) pour écrire notre avenir » et qhe l’histoire de Thiaroye ne doit « plus jamais » se répéter partout ailleurs dans le monde.
Pour sa part, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a appelé à ne jamais oublier « cette page sombre de notre histoire commune ».
Quatre-vingts ans après le massacre, les nations africaines et françaises se sont réunies dimanche 1er décembre à Thiaroye, près de Dakar, pour une cérémonie mémorielle chargée d’émotion et de symboles historiques.
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la Mauritanie et de l’Union africaine, a rendu hommage aux tirailleurs sénégalais, soulignant qu’« Ils ont traversé des continents pour défendre une cause qui n’était pas la leur ».
Le président mauritanien qui a parlé au nom de ses homologues présents à la cérémonie de ce dimanche a évoqué le contexte tragique du massacre. « En ce tragique 1er décembre de 1944, ici même, dans cette caserne où l’écho de l’injustice criante, de l’ingratitude et du déni résonna encore, toujours et pour l’éternité », a-t-il rappelé.
El Ghazouani a souligné que « le massacre de Thiaroye symbolise la violence et le déni des droits fondamentaux dont les Africains ont si violemment souffert », mais aussi « l’inébranlable détermination des Africains à lutter pour leur dignité ».
Citant le poète sénégalais Babacar Mbaye, petit-fils d’un tirailleur, le président a rappelé ces vers émouvants : « Recevez l’hymne de votre Afrique maternelle, tirailleurs morts pour la République, morts pour la France, morts par la France ».
Les tirailleurs sénégalais, venus combattre pour la France durant la Seconde guerre mondiale, ont été massacrés le 1er décembre 1944 à Thiaroye, après avoir réclamé le paiement de leurs soldes et une reconnaissance égale à celle des soldats français.
« Leurs sacrifices resteront gravés dans notre mémoire et présents dans la conscience collective de nos peuples », a déclaré el Ghazouani, soulignant que « la vérité et le droit triomphent toujours, inexorablement ».
La cérémonie a été présidée par le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye.
Jean-Noë Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, a réaffirmé la reconnaissance officielle de ce crime historique, s’inscrivant dans la démarche engagée par le président Emmanuel Macron de faire la lumière sur cette page sombre de l’histoire coloniale.
L’historien Mamadou Diouf, président du Comité de commémoration de Thiaroye 44 a rappelé dimanche l’importance de reconnaître pleinement la tragédie survenue en 1944, où des tirailleurs sénégalais ont été massacrés par l’armée française à leur retour de la Seconde Guerre mondiale.
« L’énigme du massacre des tirailleurs a très tôt interpellé des figures comme Lamine Gueye, Léopold Sédar Senghor et Keita Fodé Ba », a déclaré Mamadou Diouf, président du Comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye 44.
Recrutés souvent de force dans des colonies telles que le Soudan français (actuel Mali), le Sénégal, le Niger ou la Haute Volta (Burkina Faso), ces soldats ont subi des traitements racistes tout en combattant sur tous les fronts, a rappelé l’historien sénégalais, enseignant à l’Université Columbia des Etats-Unis.
Après quatre années passées dans les prisons allemandes, ils ont été rapatriés en Afrique et cantonnés à Thiaroye. Leurs revendications portaient sur leurs droits non respectés, mais la réponse fut brutale. « Les autorités françaises ont tout fait pour dissimuler le carnage », a-t-il souligné, évoquant des registres falsifiés réduisant le nombre de victimes à une trentaine, alors que des estimations plus crédibles parlent de 300 à 400 morts.
Mamadou Diouf a insisté sur la nécessité d’une collaboration avec la France pour faire la lumière sur ces événements. « Lever le voile sur le nombre réel de victimes est un impératif », a-t-il ajouté, avant de noter que la reconnaissance par des autorités françaises d’un « massacre » est un pas même si elle ne doit pas être vue comme une « absolution ».
Pour M. Diouf, cette commémoration représente une rupture par rapport aux précédents anniversaires. « Thiaroye est l’occasion d’accorder aux victimes le statut de +morts pour l’Afrique+. Il est indispensable de briser le silence et de continuer à éprouver cette mémoire pour notre histoire », a-t-il déclaré.
La cérémonie se tient en présence de plusieurs chefs d’état africains, dont le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, par un ailleurs président en exercice de l’Union africaine. La France est représentée par son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
L’armée génocidaire française doit être complètement chassée de l’Afrique.
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