En lançant un appel à la création d’un nouveau cadre de concertation politique, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno tente de clore la page de la transition. Mais les divergences réapparaissent entre Succès Masra et Abderahman Koulamallah sur les accords qui ont permis le retour de l’opposant au pays.
Dans une communication tenue ce lundi 5 mai 2025 au Palais Toumaï, le président Mahamat Idriss Déby Itno a annoncé la fin du Cadre national de concertation des partis politiques (CNCP) et invité les acteurs politiques à concevoir un nouvel organe permanent de dialogue adapté à « la nouvelle ère » du Tchad post-transition.
Cette initiative intervient dans un contexte politique marqué par des tensions au sein de la classe politique, illustrées par le bras de fer à distance entre Succès Masra, ancien Premier ministre de transition et opposant arrivé deuxième à la présidentielle de 2024, et Abderahman Koulamallah, ex-chef de la diplomatie et aujourd’hui sénateur.
Dans un message à l’occasion du septième anniversaire de son parti Les Transformateurs, Masra a appelé le président Déby à « changer de cap pour que le changement voulu par le Peuple devienne réalité », tout en réaffirmant son attachement à l’Accord de Kinshasa, signé avant son retour d’exil et sa participation à la transition.
Mais cette déclaration a suscité une vive réaction de Koulamallah, qui dénonce une « réécriture des faits ». Dans un message relayé sur ses réseaux sociaux et consulté par APA, le sénateur a tenu à rappeler que l’accord de Kinshasa, auquel il a pris part, ne prévoyait aucune promesse de maintien au pouvoir ni coalition postélectorale. Selon lui, « le peuple tchadien a tranché » lors de la présidentielle et « revenir à une logique de coalition reviendrait à fausser le jeu démocratique ».
« La démocratie, ce n’est pas vouloir être Premier ministre à tout prix, c’est savoir perdre avec dignité », a lancé Koulamallah en réponse aux critiques implicites de Masra sur le fonctionnement actuel du pouvoir.
Alors que Mahamat Déby Itno se veut rassembleur en félicitant la classe politique pour sa « maturité » et en engageant une « consultation nationale » sur un nouvel espace de dialogue, ces passes d’armes illustrent la persistance de lignes de fracture sur l’interprétation des accords de transition et l’avenir du pays.
La rencontre du 5 mai a réuni 290 leaders politiques sur les 336 partis officiellement reconnus, en présence du Premier ministre, Allah Maye Halina, du président du Sénat Haroun Kabadi, du président de l’Assemblée nationale Ali Kolotou Tchaïmi, du ministre d’État Limane Mahamat et des proches collaborateurs du chef de l’État.