Au 6ème jour des manifestations contre la mal gouvernance du président tinubu au Nigeria, la situation sociopolitique s’enlise davantage.
En effet, malgré le discours du président tinubu censé ramener le calme et la sérénité, l’atmosphère politique va de mal en pis.
Certes, les destructions et autres pillages des biens d’autrui ont énormément diminué, mais la mobilisation populaire ne faiblit pas.
Les jeunes sont plus déterminés que jamais et veulent en découdre et finir avec un régime moribond, qui ne se soucie guère des intérêts des nigérians.
Dans cette atmosphère délétère, les drapeaux russes que brandissent les manifestants ont fait leur apparition dans les différents états fédérés.
La police nigériane a déclaré aujourd’hui, mardi, avoir arrêté plus de 90 manifestants arborant des drapeaux russes, alors que le pays entre dans sa sixième journée de manifestations suscitées par les difficultés
économiques dans le pays.
Le porte-parole de la police, Olumuyiwa Adejobi, a déclaré à l’AFP mardi que plus de 90 manifestants « ont été arrêtés avec les drapeaux russes ».
Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, un porte-parole du service de renseignement intérieur du Nigeria (DSS) a indiqué que celle-ci avait « appréhendé certains couturiers de l’État de Kano responsables de la fabrication des drapeaux russes distribués dans la région », et qu’il menait une enquête.
Des milliers de personnes se sont rassemblées depuis jeudi au Nigeria, pour protester contre la hausse des prix et la mauvaise gouvernance, alors que le pays le plus peuplé d’Afrique connaît sa pire crise économique depuis une génération.
La mobilisation a faibli au fil des jours suite à la répression policière, mais des centaines de manifestants sont tout de même descendus dans les rues lundi dans les États du nord, notamment Kaduna, Katsina et Kano, ainsi que dans l’État du Plateau, dans le centre du pays.
Des journalistes de l’AFP et des témoins ont vu certains manifestants brandir des drapeaux russes, un geste condamné fermement par le chef de l’armée nigériane.
Le nord du Nigeria partage des liens culturels, religieux et socio-économiques étroits avec les pays voisins de la région du Sahel, qui ont récemment connu une série de coups d’État portant à leur tête des militaires s’alliant avec la Russie.
« Des individus entraînent d’autres personnes à porter des drapeaux russes au Nigeria, souveraineté du Nigeria, c’est franchir la ligne rouge et nous ne
l’accepterons pas », a averti le chef d’état-major de l’armée, le général Christopher Musa, lors d’une réunion d’information à Abuja lundi.
Le chef d’Etat-major des Armées (CDS), le Général Christopher Musa , a mis en garde ceux qui arborent le drapeau russe , affirmant qu’il s’agit d’un délit de trahison et a réitéré la loyauté de l’Armée envers les institutions démocratiques établies.
Des faits, il a été contesté le lundi 05 août 2024, jour 5 des manifestations #EndBadGovernance, que certains manifestants dans la région nord du pays sont sortis des drapeaux de la Russie. Le nombre de ceux qui ont agité des drapeaux de la Russie le lundi a considérablement augmenté.
En réagissant contre la posture qu’affichent certains manifestants, le Général Musa a lancé un avertissement ce lundi à Abuja après une réunion avec d’autres chefs de service et chefs de sécurité avec le Président Bola Tinubu. L’Armée a profité de cette réunion pour informer le chef suprême des Armées de la situation sur le terrain avec des molestations qui se transforment en des actes de violences.
Dans sa déclaration, le CDS a révélé que « Nous avons tous vu des endroits où des drapeaux étrangers ont été brandit dans la souveraineté du Nigéria, et c’est totalement inacceptable ». Sur la nature des porteurs du drapeau étranger, le CDS a relevé que beaucoup d’entre eux sont des enfants et qu’ils savent ceux qui les poussent et les sponsorisent et que des mesures sérieuses seront prises.
Après ce constat, il a martelé que « Nous avertissons en termes clairs, nous n’accepterons personne, aucun individu, qui arbore un drapeau étranger au Nigeria ».
Pour que des manifestants ne rééditent plus ce genre de comportement, le CDS a fait savoir que faire parader un drapeau étranger sur un territoire souverain «’est un délit de trahison, et il sera considéré et traité comme tel. Personne ne devra donc se laisser utiliser par qui que ce soit ».
Comme premières mesures, le Département des Services d’État (DSS) a déclaré avoir arrêté des tailleurs soupçonnés de produire en masse le drapeau russe dans l’État de Kano.
Avertissant ceux qui appellent au coup d’État dans le pays, le General Musa a déclaré que l’Armée a accepté la démocratie et qu’un changement de régime ne sera jamais autorisé.
Le chef de l’Armée nigériane a d’abord rappelé que le Nigéria est une nation souveraine avant de souligner que « Le Nigéria est une nation démocratique, toutes les unités de sécurité sont là pour défendre la démocratie et veiller à ce que la démocratie continue de s’épanouir ».
De ce fait, il a réaffirmé que l’Armée ne se laissera pas manipuler ou influencer pour « vouloir faire pression en faveur d’un changement de gouvernement ».
Dans une allocution télévisée dimanche, le président Bola Ahmed Tinubu a appelé à la fin des manifestations et à « mettre un terme aux effusions de sang », mais les organisateurs des manifestations ont promis de poursuivre le mouvement de mobilisation.
Après une pause ce dimanche, le mouvement pour mettre fin à la mauvaise gouvernance devrait reprendre ses marches et ses occupations un peu partout au Nigeria ce lundi. Malgré le dialogue proposé par le président Bola Ahmed Tinubu, aucune voix ne s’est fait entendre pour accepter l’invitation. Au contraire, les réactions au discours du chef d’Etat ont été quasi unanimement négatives.
Dans un post sur X, la leader de Bring Back Our Girls, Oby Ezekwesili, a écrit « le discours de Tinubu était une occasion monumentale manquée d’apaiser les citoyens avec des réponses solides.»
Tonalité similaire de la part de l’ancien vice-président Atiku Abubakar. Pour lui, Ahmed Bola Tinubu «néglige les difficultés économiques pressantes qui ont assailli les familles nigérianes depuis le début de son mandat». Debo Ologunagba, un porte-parole du PDP, le principal parti d’opposition, estime que le chef d’État ne propose rien de concret. Il dénonce l’absence de décision immédiate pour réduire le prix du carburant.
L’avocat Femi Falana, défenseur du militant ogoni, Ken Saro-Wiwa, regrette l’incapacité de Bola Ahmed Tinubu à condamner les brutalités des forces de sécurité nigériane. Enfin, Wole Soyinka a eu les mots plus sévères. Pour le prix Nobel de littérature, «tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques qui déplorent la faim symbolise une régression inquiétante du type de celles qui précèdent très probablement les révolutions.» Wole Soyinka est pourtant un proche du président Bola Ahmed Tinubu.
Du côté de la majorité, aucune voix majeure ne s’est fait entendre pour soutenir le discours du président.
Comme on le voit donc, le pays est dans l’impasse et le président tinubu semble être dépassé par les événements.
Par Tam-tam info News