La quatrième édition du forum diplomatique d’Antalya s’est ouverte, le vendredi 11 avril 2025, dans la ville d’Antalya, en Türkiye, sous la présidence du Président turc , Son Excellence Monsieur Recep Tayyip Erdogan.
Les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération des états membres de l’AES, leurs Excellences Monsieur Abdoulaye Diop, Bakary Yaou Sangaré et Karamoko Jean Marie Traoré ont pris part à ce grand rendez-vous diplomatique. Dans ce cadre, le ministre Diop a animé, le samedi 12 avril 2025, avec ses homologues du Burkina Faso et du Niger un panel intitulé « le Sahel : le futur de l’intégration régionale ».
À cette occasion, le Chef de la diplomatie malienne a rappelé le contexte et les conditions qui ont conduit le Burkina, le Mali et le Niger, à d’abord créer, en septembre 2023, l’Alliance des Etats du Sahel, avant d’évoluer, en juillet 2024 à la création de la Confédération des États du Sahel (AES) sous le leadership de leurs Excellences Le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, Président du Faso, Le Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la transition, Chef de l’État du Mali et Le Général d’Armée, Abdourahamane TIANI Président de la République du Niger.
Les Ministres des Affaires étrangères des pays de la Confédération AES ont profité de la tribune pour édifier davantage sur les progrès réalisés par la Confédération dans ses trois piliers, à savoir la défense, la diplomatie et le développement, pour le bien-être des populations du Sahel.
Ils ont par ailleurs déconstruit les narratifs négatifs relayés par certains acteurs institutionnels et médiatiques. Ils ont particulièrement recadré les informations et statistiques erronées sur une prétendue recrudescence de l’insécurité liée au retrait des forces internationales.
Le Ministre DIOP, ainsi que les Ministres TRAORE et BAKARY ont insisté sur les avancées réalisées par la Confédération AES en matière de solidarité, de complémentarité et d’intégration des Peuples et ont réitéré la vision constructive et ouverte des trois Chefs d’Etat en faveur de la promotion de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement, dans une démarche fraternelle avec les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Abdoulaye Diop, le Chef de la diplomatie malienne a critiqué l’ONU pour son inaction dans la lutte contre le terrorisme lors du forum diplomatique d’Antalya, en Turquie.
« Le rôle des Nations unies est de sauver des vies. Mais qu’est-ce que les Nations Unies ont fait pendant dix ans dans nos pays pour pouvoir lutter contre le terrorisme ? Zéro.
Pendant dix ans, le Mali ne contrôlait pas plus de 40 à 50% de son territoire. Depuis le départ de la Minusma, il a pu les récupérer.
Ça ne veut pas dire que le terrorisme est fini. Mais nous voyons une amélioration qualitative aujourd’hui.»
Face aux partenaires étrangers réunis en Türkiye, le chef de la diplomatie malienne a valorisé la reconquête de 59% de territoires comme socle d’une intégration sahélienne autonome.
La reconquête de vastes portions du territoire malien est désormais au cœur du discours diplomatique de Bamako. Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a affirmé samedi 12 avril à Antalya que « le Mali a récupéré entre 40 et 50 % de son territoire national » depuis le départ de la Mission de l’ONU (Minusma), permettant « le retour de l’administration et une montée en puissance des forces nationales ».
Présent à la quatrième édition du Forum diplomatique d’Antalya, en Türkiye, M. Diop a pris part à un panel consacré à « l’avenir de l’intégration régionale » aux côtés de ses homologues du Burkina Faso et du Niger. Il a insisté sur le lien direct entre reconquête territoriale, sécurité régionale et souveraineté des États sahéliens.
« La sécurité des Sahéliens doit être assurée par nos propres citoyens », a-t-il martelé, précisant que les États membres de la Confédération des États du Sahel (AES) consacre le quart de leurs budgets à la défense, malgré un déficit persistant en équipements militaires, notamment aériens. Face à cela, l’AES renforce ses partenariats avec des puissances comme la Turquie, la Chine ou la Russie.
Le ministre a aussi critiqué l’inefficacité des missions internationales dans la lutte contre le terrorisme et appelé à une réponse plus concrète des Nations Unies. Selon lui, les progrès sur le terrain prouvent que les solutions endogènes peuvent porter leurs fruits.
Dans cette dynamique, M. Diop a défendu une intégration sahélienne fondée sur trois piliers : sécurité, coordination diplomatique et développement économique. Il a évoqué la mise en œuvre de projets structurants comme les corridors ferroviaires Bamako–Ouagadougou–Niamey, une centrale d’achat commune, ou encore une future banque d’investissement sahélienne.
Abdoulaye Diop a également salué la poursuite des échanges économiques avec les pays côtiers, malgré la sortie de l’AES de la Cédéao. Il a cité le Ghana et le Togo comme exemples de partenaires prêts à maintenir une coopération bilatérale pragmatique.
Il a, par ailleurs, qualifié de « contre-productives » les sanctions de l’Union africaine contre les États de l’AES, soulignant que « la sécurité et le développement du continent ne peuvent se faire sans ses zones les plus vulnérables ».
A Antalya, l’AES pose ses conditions d’élargissement
Le chef de la diplomatie nigérienne a exposé à Antalya les conditions d’adhésion à la Confédération des États du Sahel, tout en mettant en garde contre les risques d’infiltration par des régimes jugés hostiles.
La Confédération des États du Sahel (AES) pourrait s’élargir à d’autres pays africains, mais à des conditions strictes, a indiqué le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, lors du Forum diplomatique d’Antalya, le 12 avril 2025.
« Quand on a créé l’AES, on l’a créée à trois, pour des raisons sur lesquelles je ne veux pas revenir », a déclaré le chef de la diplomatie nigérienne, rappelant les motivations initiales du Niger, du Mali et du Burkina Faso, fondateurs de cette alliance née de leur rupture avec la Cédéao.
Tout en confirmant l’ouverture de l’AES à de nouveaux membres, Sangaré a insisté sur la nécessité d’un processus encadré. « Est-ce que d’autres pays peuvent rejoindre l’AES ? Je pense que oui. Nous n’avons pas créé l’organisation pour qu’on reste entre nous trois », a-t-il affirmé, en présence de ses homologues malien et burkinabè.
Mais cette ouverture, a-t-il souligné, suppose des garanties solides. « C’est une question qu’il faudra que les trois pays s’asseyent pour discuter, parce qu’il y aurait des conditions », a-t-il expliqué, invoquant des risques d’infiltration par des États jugés hostiles. « Nous serons très regardants vis-à-vis de ça. »
Des régimes visés, pas les peuples
Le diplomate nigérien a par ailleurs nuancé la nature des tensions entre l’AES et le reste du continent. « Nous n’avons pas peur des pays africains. Nous avons peur des régimes africains. Les Africains, de manière générale, sont d’avis avec ce que nos pays font », a-t-il déclaré.
Présentée comme un « projet témoin pour l’Afrique », la Confédération sahélienne, officialisée en juillet 2024, repose sur quatre piliers selon le ministre : la souveraineté nationale, le respect de la dignité des peuples, la priorité aux intérêts locaux, et une coopération internationale respectueuse.
Des signaux de rapprochement diplomatique et économique entre l’AES et plusieurs États de la région confirment l’intérêt croissant pour ce modèle alternatif d’intégration régionale, dans un contexte de remise en cause des institutions panafricaines traditionnelles.
Par Tam tam info News