Au moment où la France suspend sa coopération avec le Niger, j’ai cru bon de parcourir l’histoire de l’aide, en regardant dans la direction Sud-Nord. Je ne traite pas ici de la participation du Niger à l’effort de guerre et à la guerre aux côtés de la France, mais de l’aide au développement.
Pour la plupart d’entre nous, Rosières-en-Santerre n’évoque pas grand chose. Pourtant, cette petite ville française située en Picardie doit beaucoup au Niger. D’ailleurs une de ses rues porte le nom de notre pays. Ce n’est point fortuit.
Dans la relation Rosières-en-Santerre – Niger, je vois un petit plan Marshall, une aide à la reconstruction accordée par le Niger à la France, pendant et après la seconde guerre mondiale, de 1942 à 1952.
En 1940, Rosières-en-Santerre est détruite par les Allemands, et déclarée ville martyre. Un système de parrainage entre collectivités, en vue de sa reconstruction, est mis en place par le gouvernement de Vichy. La colonie du Niger, pourtant considérée comme la plus pauvre de l’AOF, est retenue comme marraine de la ville française. Cela signifie que les fonds publics et privés (subventions, dons financiers ou en nature) destinés à cette œuvre viendraient du Niger.
Il est vrai que les citoyens français – résidant en petit nombre sur le territoire nigérien ont participé à la constitution de ces fonds, mais je ne m’intéresse ici qu’aux fonds provenant des Nigériens.
D’abord, une subvention prélevée annuellement sur le budget territorial du Niger alimenté par les impôts directs. Cette contribution sera faite comme le dit le Gouverneur du Niger, Jean François Toby «au nom de tous les Nigériens».
Ensuite, un Comité de soutien fut mis en place pour collecter des dons auprès des populations nigériennes, en faveur des populations pauvres de Rosières-en-Santerre.
À cette fin, les soldats démobilisés seront sollicités. Des kermesses et des représentations théâtrales seront organisées dans les écoles, et les fonds recueillis, versés aux populations indigentes de Picardie. En 1947, les représentants Nigériens au Conseil général des colonies renoncent à leurs indemnités de session au profit des populations nécessiteuses de la ville française. La même année, une (1) tonne de riz et six cents litres d’huile provenant du Niger sont distribués sur la place publique aux populations nécessiteuses formant des rangs pour recevoir l’aide alimentaire. En 1948, des souscriptions sont faites dans toutes circonscriptions administratives en faveur de Rosières.
En 1946, lors de la visite du Gouverneur du Niger en Picardie, une statuette en marbre représentant une femme noire tenant trois roses lui a été remise, en reconnaissance de l’aide apportée par le Niger. Elle a été reproduite en carte postale et portait la légende suivante :
«le riche et compatissant Niger», et encore : «rose d’hier meurtrie (…) rose d’aujourd’hui revivifiée par l’aide du Niger, rose de demain ressuscitée par l’aide fraternelle du Niger »
La petite ville de Rosières-en-Santerre, n’est pas ingrate, il faut lui rendre justice. Lors de la famine qui éprouva le Niger en 1973, elle fit un don financier au Niger et appela à la charité publique pour aider les populations nigériennes.
Cette histoire vaut bien quelques méditations.
Pour les détails, on consultera l’article de Vincent Bonnecase disponible sur Internet : “Quand le Niger aidait la France Le parrainage de Rosières-en-Santerre par la colonie du Niger (1942-1952”.
Par Farmo M. »