Après la dénonciation de l’administration Trump du détournement d’une aide américaine de 8 milliards de francs CFA au Mali, le gouvernement malien exige l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire toute la lumière.
Le gouvernement malien a exprimé sa surprise et son indignation après la publication, le 15 février dernier, du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) des États-Unis, annonçant l’annulation d’une subvention de 14 millions de dollars (environ 8,8 milliards FCFA) initialement destinée à soutenir la cohésion sociale au Mali.
Dans un communiqué daté du 24 février 2025, le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a tenu à clarifier la position du pays sur cette affaire et à dénoncer une fois de plus l’utilisation de l’aide publique au développement comme « instrument de déstabilisation ».
Le gouvernement malien affirme avoir « saisi les autorités américaines » pour obtenir des explications sur l’annulation de cette subvention, dont l’existence n’avait jusqu’alors pas été officiellement confirmée par les autorités maliennes.
Au-delà de l’annulation de cette aide, Bamako dénonce une pratique plus large, qu’elle estime être une « tentative d’instrumentalisation de l’aide publique pour affaiblir la souveraineté des États africains ».
Le communiqué parvenu à APA rappelle que « bien avant la mise en place de la nouvelle administration américaine, le Mali alertait déjà sur ces dérives », qui, selon les autorités de la Transition, serviraient notamment à « financer des réseaux terroristes opérant au Sahel ».
Dans cette optique, le gouvernement malien avait déjà pris ses distances avec l’USAID. En effet, depuis deux ans, Bamako a refusé de signer l’Accord quinquennal de Subvention d’objectif de développement avec les États-Unis. Plusieurs projets financés par cette agence américaine, y compris ceux liés à la cohésion sociale, ont été mis en pause par le gouvernement malien, qui exige que « toute coopération respecte la souveraineté du pays et les priorités définies par l’État ».
Ce gel des financements étrangers s’inscrit dans la ligne politique défendue par le Président de la Transition, qui a fait de la « restauration de la souveraineté nationale un principe fondamental de gouvernance ».
Le Ministère des Affaires étrangères malien ne se contente pas de dénoncer ces pratiques. Il va plus loin en appelant Washington à engager des poursuites judiciaires contre les responsables de ces détournements de fonds. Selon les autorités maliennes, des sommes destinées au développement du pays auraient été « détournées à des fins subversives et contraires aux besoins essentiels des populations ».
Le communiqué souligne également que « le Mali se reconnaît dans la nouvelle orientation des autorités américaines visant à assainir et à humaniser leurs subventions », tout en insistant sur la nécessité de « prévenir toute utilisation abusive ou contraire à l’intérêt des États bénéficiaires ».
Cette déclaration intervient dans un climat diplomatique fragile. Le Mali, dirigé par une transition militaire depuis 2020, a récemment voté contre une résolution de l’ONU sur l’Ukraine, le même jour que l’annonce du DOGE tout comme la Russie et les États-Unis. Cet épisode marque un nouvel épisode de tensions entre Bamako et ses partenaires occidentaux.
Le gouvernement malien réaffirme son engagement en faveur de la paix et de la stabilité, précisant que la coopération internationale doit se faire sur « la base du respect mutuel et des intérêts réciproques ».
Vers une normalisation des relations ?
Malgré ces tensions, Bamako semble laisser la porte ouverte à un dialogue avec Washington, notamment sur la question des subventions. La reconnaissance par les autorités maliennes de la « prise de conscience des États-Unis sur les risques de détournement » laisse entrevoir une possibilité de réengagement sous de nouvelles conditions.
En attendant, le Mali reste ferme sur ses exigences : « Toute coopération future devra respecter la souveraineté de l’État malien et répondre aux attentes réelles du peuple ».
Depuis l’avènement des nouvelles autorités au sein de la confédération de l’AES, le principe de l’aide occidental à ces pays est remis en cause.
Car, très souvent, sous le couvert de l’aide au développement, certains pays occidentaux financent des projets ou des organisations criminelles pour déstabiliser la région.
Par Tam tam info News