La session extraordinaire de la Cédéao convoquée les 22 et 23 avril coïncide avec le lancement des célébrations du cinquantenaire de l’organisation, marqué par une tentative de rapprochement entre les deux blocs.
Le Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se réunit en session extraordinaire pour examiner le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’organisation régionale.
Dans un discours solennel et rassembleur, le président du Ghana, John Dramani Mahama, a appelé mardi à Accra à faire du cinquantenaire de la Cédéao un tournant pour une intégration plus inclusive, reposant sur le dialogue, la solidarité et la diplomatie. Il a plaidé pour la réintégration des États du Sahel, tout en annonçant des initiatives concrètes en faveur de la jeunesse ouest-africaine.
« Aujourd’hui n’est pas qu’une célébration. C’est un moment de réflexion sur notre parcours collectif et une invitation à renouveler notre engagement aux principes qui nous unissent depuis cinquante ans », a déclaré Mahama en clôturant la cérémonie officielle du lancement du cinquantenaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), devant plusieurs chefs d’État, anciens dirigeants et hauts représentants de la région.
Face aux défis actuels qui ont pour noms instabilité politique, insécurité croissante au Sahel, inégalités économiques et impacts du changement climatique, le président ghanéen a souligné que la diplomatie et la solidarité devaient rester « notre première ligne de défense ».
Sans mentionner explicitement les dirigeants des pays de l’AES, absents malgré une invitation formelle confirmée par le chef de la diplomatie ghanéenne, John Mahama a qualifié de « regrettable » la décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de se retirer de la Cédéao. Il a toutefois plaidé pour une approche constructive, estimant que la réponse ne devait pas passer par « l’isolement ou la condamnation », mais plutôt par « l’écoute, le dialogue et la volonté d’engager ».
Il a affirmé que, depuis son retour à la tête de l’État, il avait fait de la reprise des liens diplomatiques avec l’AES une priorité, citant la nomination d’un envoyé spécial et ses missions personnelles dans les pays concernés. « Le Ghana est prêt à servir de pont pour recoudre le tissu de l’unité ouest-africaine », a-t-il déclaré.
Mahama a aussi salué l’héritage diplomatique de la Cédéao dans la résolution de conflits passés, notamment au Libéria, en Sierra Léone, en Gambie, en Côte d’Ivoire et au Togo, rappelant que l’organisation était la preuve que « les solutions africaines par la diplomatie africaine fonctionnent ».
Le président ghanéen a appelé à renforcer les capacités des institutions communautaires, en insistant sur la nécessité pour les citoyens de percevoir la Cédéao comme « une communauté vivante, proche de leurs luttes et porteuse de leurs espoirs ». Il a insisté sur le rôle clé de la jeunesse, des femmes, de la culture et de l’éducation dans le renforcement de l’unité régionale.
Dans cette optique, il a annoncé que le Ghana offrirait 1 000 bourses à des étudiants issus des pays membres pour suivre des études supérieures dans les universités ghanéennes. « Ce n’est pas juste un geste, c’est un acte de solidarité. Un pont vers un avenir où nos jeunes se verront comme des partenaires et non comme des étrangers. »
Concluant son discours, Mahama a exhorté ses pairs à faire des cinquante prochaines années une ère d’écoute, de cohabitation pacifique et de prospérité partagée. « La Cédéao doit rester un forum pour entendre, un espace pour guérir, une maison pour une solidarité africaine visionnaire. »
Incertitude sur la présence de l’AES au 50tenaire de la Cédéao
La Cédéao a donné le coup d’envoi de son cinquantenaire le mardi 22 avril à Accra, lors d’une cérémonie présidée par le président ghanéen John Dramani Mahama. Si les dirigeants de l’AES avaient été conviés, leur présence n’a pas été mentionnée dans le discours d’ouverture du ministre ghanéen des Affaires étrangères.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a donné mardi 22 avril 2025 à Accra le coup d’envoi des festivités marquant son 50e anniversaire, lors d’une cérémonie officielle présidée par le chef de l’État ghanéen, John Dramani Mahama.
Des chefs d’État et de gouvernement des pays membres, le président de la Commission de la Cédéao, Dr Omar Alieu Touray, ainsi que le représentant du président nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de l’organisation, ont pris part à l’événement.
Dans son discours d’ouverture, le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa a salué la présence des invités, mettant en avant « une histoire commune, un destin partagé et une identité régionale forgée au fil de cinq décennies ». Il est revenu sur la naissance de l’organisation, le 28 mai 1975 à Lagos, au Nigéria, à la suite de la signature du Traité de Lagos, qui a donné naissance à « une communauté fondée sur les principes d’unité, de solidarité et de coopération ».
Le ministre a également souligné l’évolution de la Cédéao en une communauté régionale promouvant l’intégration économique, la paix, la sécurité, la démocratie et le développement social.
Il a mis en lumière le rôle du Ghana dans l’histoire du panafricanisme, rappelant notamment la Conférence des peuples africains organisée à Accra en décembre 1958 sous l’impulsion de Kwame Nkrumah. Il s’est aussi permis un trait d’humour en évoquant la « rivalité amicale » entre le Ghana et le Nigéria, avant de préciser que le coût de l’événement n’a pas été entièrement supporté par les finances publiques ghanéennes, mais partagé avec le secteur privé et les institutions communautaires.
Alors que les dirigeants de la Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avaient été conviés à la cérémonie, leur présence n’a pas été mentionnée dans son discours, suggérant que les trois pays n’ont pas donné suite à l’invitation, dans un contexte de rupture politique officielle avec la Cédéao depuis janvier dernier.
Un Conseil extraordinaire des ministres sur le retrait des pays de l’AES de la Cédéao est prévu après la cérémonie.
Cette rencontre, convoquée pour discuter des modalités du désengagement et des implications pour les institutions et agences de la Cédéao encore actives dans les trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES), se tiendra le même jour que le lancement officiel à Accra des célébrations du cinquantenaire de l’institution régionale.
Le président ghanéen John Dramani Mahama, qui a récemment effectué une tournée diplomatique au Mali, au Burkina Faso et au Niger, a convié les dirigeants de ces pays à participer à l’événement. Une initiative qui vise à favoriser un rapprochement entre les deux blocs, malgré les profondes divergences qui ont conduit les autorités sahéliennes à prendre leurs distances avec l’institution communautaire, qu’elles accusent d’être instrumentalisée par la France.
Le Burkina, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cédéao en janvier 2024. Conformément aux textes de l’Organisation, cette décision devient effective une année après sa notification, soit en janvier 2025.
La session ministérielle abordera également d’autres questions d’importance régionale, dans un contexte de défis sécuritaires et diplomatiques croissants en Afrique de l’Ouest.
Par Tam tam info News