La date marque assurément un tournant important – peut-être le plus important – dans notre histoire. L’événement qui s’y déroule charrie de nombreux enseignements, sans doute. Je n’ai pas la prétention de les saisir dans leur entièreté, loin s’en faut. D’ailleurs, avons-nous assez de recul pour comprendre certains d’entre eux ? Qu’il me suffise donc pour l’heure, d’en rapporter quelques-uns, pêle-mêle.
Dans le conflit ouvert entre Niamey et Paris, que de retournements de révélations et de rebondissements !
Nous étions, il faut faire cette concession à Macron, “dans un monde de fous” où tout était sens dessus dessous. La dénonciation des accords militaires passés avec la France, la demande de départ des troupes d’occupation françaises, et celle de l’ambassadeur de France déclaré persona non grata, remettent les choses à l’endroit.
La France désormais désorientée ne sait plus à quel saint se vouer. À Saint Pothin, à Saint Suplice, à Saint Ouen ou à Saint Loup ?
Par la bouche de Macron, par les dires de Colonna, par les truchement de ses journaux, la voix de ses radios, le canal des ses télévisions, la France se montre, tour à tour, menteuse, fabulatrice, agresseuse et victime, piteuse et triomphante, condescendante et suffisante, comploteuse et intrigante.
La richesse est un masque, et le bon sens, un leurre. Derrière l’apparente opulence, l’indigence matérielle de la France est révélée. Derrière l’éloquence, la pauvreté morale de ses dirigeants et de ses médias est dévoilée.
C’est la France congédiée du Niger qui refuse de partir. Quelle autre preuve de dépendance faut-il apporter ?
C’est la France qui est subordonnée au Niger, dans sa quête d’indépendance énergétique. C’est le Niger qui éclaire la France, ce n’est pas la France qui apporte la lumière au Niger. C’est l’économe de la France qui dépend des matières premières critiques et stratégiques du Niger, ce n’est pas l’économie du Niger qui dépend des minerais français. C’est la France qui depend des réserves d’or du Niger déposées en sa banque, c’est elle qui jouit des devises du Niger retenues dans ses coffres. La France dépend plus du CFA – sa création, dont elle tire avantages – que le Niger de cette monnaie de singe qui entrave son développement. C’est la France qui dépend du Niger pour le parler de la langue française hors Hexagone. C’est la France qui dépend du Niger pour son influence internationale.
La France ment quand elle dit que Bazoum Mohamed est otage. Elle ment quand elle affirme que Sylvain Itté est otage. Un otage se dit d’une personne retenue par un autre personne et dont la libération ou la vie dépendent d’une exigence qu’une tierce personne doit remplir.
Ni Mohamed Bazoum ni Sylvain Itté ne sont dans ce cas. Le premier est un prisonnier politique. Le second est une persona no grata. C’est la justice nigérienne rendue au nom du peuple qui décidera du sort de Bazoum Mohamed, non le désir de Macron fut-il président de la République française. Quant à Sylvain Itté, ancien ambassadeur de France au Niger, c’est Macron, en violation de l’article 9 de la Convention de Viennes sur les relations diplomatiques de 1961, qui retient Sylvain Itté cloîtré à Niamey.
Ledit article autorise l’État accreditaire (le Niger), «à informer l’État accréditant (la France) à tout moment, et sans avoir à motiver sa décision, que le chef ou tout autre membre du personnel diplomatique de la mission est persona non grata »
L’État accréditant dit encore l’article 9 «rappellera alors la personne en cause ou mettra fin à ses fonctions auprès de la mission ». En cas de refus : «l’État accréditaire peut refuser de reconnaître à la personne en cause la qualité de membre de la mission».
On aura compris que les relations diplomatiques s’établissent entre États, non entre individus ou groupes d’individus, comme le laisse entendre la propagande macronienne et à sa suite, celle de la CDEAO et celle des partisans du régime déchu.
Or, l’État suppose un territoire,un peuple et une autorité publique. De quelle type d’absurdité se rendent donc coupables Macron et sa suite, en ne reconnaissant pas l’autorité publique nigérienne – qui n’a d’ailleurs pas besoin de leur aval pour être et devenir – quand ce territoire sur lequel se déploie cette autorité n’est pas le leur, quand le peuple qui vit sur ce territoire reconnaît cette autorité et la soutient, quand ce peuple demande le départ des troupes françaises d’occupation ? Et de quel sordide aveuglement font-ils montre quand, bientôt deux mois après la chute du régime, ils continuent de parler de tentative de coup d’État ?
La France et ses médias mentent quand ils parlent d’élections démocratiques libres et transparentes, ils mentent quand elle parle d’alternance, la France politique cependant plus que ses médias qui le relaient. N’est-ce pas elle qui, profitant de scrutins tropicalisés, place ses hommes aux commandes de ses annexes subsahariennes ?
J’ai parlé abondamment des “Dogues noirs de l’empire” français, ceux que la France met en première ligne pour porter la guerre au Niger et pour servir de chair à canon.
Dieu ! Pardonnez les Nègres de la maison France : Talon Sall et Ouattara, et tous les palefreniers nègres qui ramassent le crottin dans les écuries de France, ils ne sont pas maîtres d’eux-mêmes.
La France, ses médias et leurs semblables font montre d’un indécrottable mépris et d’un crétinisme indépassable. Que sommes-nous pour eux : une terra nullius, des esclaves à qui il faut des maîtres, des mineurs à qui il faut des tuteurs ?
Malheur à ceux qui ne comprennent pas le sens de notre libération ! Malheur à ceux qui l’ayant compris tentent de l’entraver.
Au peuple vaillant du Niger, dans sa juste lutte, la victoire certaine.
Que Dieu bénisse le Niger et son peuple.