« Nul ne peut cacher les rayons du soleil avec ses mains ». Docteur Miko, Feu Me Kader Chaibou, paix à son âme, a écrit que « DIEU a créé l’oiseau pour chanter, l’araignée pour tisser sa toile ; le singe pour grimper ».
Et partant, pour coller à l’actualité, Dieu a créé les Généraux Abdourahamaane Tiani, Salifou Mody et Mohamed Toumba et leurs compagnons pour briser les chaines de l’esclavage moderne auquel notre pays etait soumis plus de six (6) décennies durant. Mais C’est ainsi que Dieu, dans son infinie miséricorde, avait permis ta naissance l’année de la fin de la 2 ème guerre mondiale, pour faire jaillir la lumière de la vérité sur l’Histoire de l’ancien Royaume du Katarma transformé en Canton de Tibiri par l’alchimie du colon.
Du 06 août 2020, jour de ton » départ » à ce 06 août 2024, celà fait 4 ans déjà que tu nous as quitté. En t’écrivant ces lignes posthumes, 4 ans après « ton départ », tu sais que j’ai forcément en tête cette date historique du 10 novembre 2020 du délibéré de la Cour de justice de la CEDEAO, épilogue heureux du contentieux de la chefferie du Canton de Tibiri. En effet, par son Arrêt ECW/CCJ/JUD/26/20 auquel tu avais contribué de manière decisive en mettant ton immense savoir, la Cour avait ainsi comblé ton voeu le plus ardent à titre posthume.
Je te rappelle que Cette Cour communautaire avait en effet dit ce jour : «qu’il y’a eu violation de leur ( les Arawa) droit à la non-discrimination et avait donc «Ordonné à la République du Niger de prendre les dispositions pour faire cesser la violation des droits de l’homme en rétablissant le droit du lignage Sarkin Aréwa à la succession de la chefferie du Canton de Tibiri».*
Cette victoire administrative et judiciaire inédite venait ainsi de te donner raison sur toute la ligne à toi, le combattant suprême de notre cause de l’Aréwa, littéralement « espace de ARI », de Akazama ARI, bien sûr, ton ancêtre lointain. Ce fondateur de cet espace appelé Aréwa qui t’aura légué le nom BA’ARI, retranscrit BA’ARE par la tradition. Ta passion pour l’Histoire du peuple Arewa, la vraie Histoire, que tu as pu reconstituer à l’aide de décennies de recherches archivistiques menées de Niamey à Dakar (capitale de l’AOF) en passant par Kebbi et aux différents sites historiques de notre bled.
Ce combat épique que tu as livré, ta vie durant, sera toujours rappeler aux différentes générations de katarmawas des cinq (5) capitales historiques du Royaume du Katarma à savoir Birnin Fallah, Sakari-Kiada, Nassaraoua, Zoumbou et Douméga. J’en fais un sacerdoce jusqu’à mon dernier souffle parce que tu le mérites. Et surtout parce, comme le dit l’adage, « pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ».
Autorise moi à rappeler aux jeunes que notre illustre ancêtre, Akazama ARI, un prince du Bornou fut le fondateur vers 1600 de la chefferie originelle Sarkin-Aréwa. Suite à des dissensions entre les descendants celle-ci connut des démembrements qui avaient abouti à la création de six (6) entités souveraines : Aréwa-Nord (Matankari/Dogondoutchi) ; Katarma , Takatsaba ;
Lido, Kara-Kara et Zabori. Que ces entités existaient déjà à l’arrivée en 1899/1900 des puissances coloniales anglaise et française.
La royauté Sarkin-Aréwa du Katarma fut fondée vers 1784 par Toukouyou Maïyaki Maïdoka Moussa et son frère Na Allah Maïyaki Maïdoka Moussa qui, à la date d’arrivée des puissances coloniales Anglaise et Française, avait connu dix (10) souverains, répartis dans les cinq (5) principales ou agglomérations précédemment citées.
En vérité, la création et l’évolution du canton de Tibiri par des actes du pouvoir colonial, sont une autre histoire succinctement rappelés, ci-après.
Le pouvoir colonial, à l’époque, organisa la partie Ouest du Katarma que lui rétrocéda l’Angleterre en 1907, en l’érigeant en un unique canton de Douméga par arrêté n°1277 du 31/12/1907 du gouverneur général de l’AOF Dakar. Ensuite, par trois (3) restructurations successives opérées en 1912, 1918 et 1935, le pouvoir colonial transforma le canton originel de Douméga, en actuel canton de Tibiri, avec transfert de son chef-lieu de Douméga à Tibiri en 1935 et substitution de la chefferie authentique Sarkin Arewa du Katarma.
Le dernier Sarkin Aréwa, Chef de canton Maiyaki Ba’aré Kaka, grand-père de l’ex président Ibrahim Mainassara Baré, régna de 1912 à 1935 avec Douméga comme capitale.
Tu l’as maintes fois écrit, le village de Tibiri, c’est incontestable, a été fondé vers 1800 par des Rouafawas qui l’avaient dirigé jusqu’en 1993. Que Samna Karfé était né entre 1818 et 1819, soit 18 à 19 ans après la création dudit village. Le village de Tibiri fut donc fondé par les Rouafawas venant de Birnin Fallah et des Gobirawas provenant de Tibiri Maradi (à l’origine du nom du village) à l’époque avec l’accord de Sarkin Aréwa de Nassarawa (1826-1854). C’est pour toutes les raisons ci-dessus rappelées que la Cour de justice de la CEDEAO avait dit sans trembler : «le rattachement administratif des cantons de Douméga et de Nassarawa à celui de Tibiri, (1912, 1918 et 1935), laisse intacts les droits successoraux des princes du Lignage Sarki Aréwa qui leur viennent de l’Histoire….
En effet, le canton de Tibiri est indivisible et les princes Sarakounan Aréwa et l’autre lignage jouissent d’un même statut de prince héritier»…. Les droits de succession du lignage Sarki Arewa leur viennent de l’histoire. En effet, le canton de Tibiri est indivisible et que ses princes Sarkin Arawa et Goubés jouissent d’un même statut de la chefferie traditionnelle ».
Tu as, dans tes écrits, souligné que pour caractériser ce scandaleux travestissement de l’Histoire du canton de Tibiri, le célèbre Historien de l’Aréwa, Marc-Henri Piault, a bien écrit a la page 161 dans son ouvrage « Histoire Mawri, introduction à l’étude des processus constitutifs d’un Etat » ed. CNRS, Paris, 1970, : « Sans doute est-ce à Tibiri que le modèle français s’appliquait le mieux et sans que puissent encore se déceler les rivalités qui entrainèrent les administrateurs français à supprimer peu à peu les différentes chefferies rivales de l’Ancien Katarma, au profit d’un vaste canton de Tibiri ».
Docteur Miko, pour toutes tes oeuvres décisives, je puis t’assurer qu’avec ma soeur Baraka, ta veuve dévouée, tes enfants nous continuerons à gaver ton âme des seules nourritures dont elle a désormais besoin pour ton repos éternel : nos prières.
Poursuis ton repos eternel en paix au Firdhaous, Docteur Miko Issa.
Zacen Katarma ne – Katarma Sanni no A Niamey, le 09 août 2024.
Ton petit-frère Djibrilla Baré Mainassara –comme toi, Petit-fils et arrière petit- fils de Sarkin-Aréwa Maiyaki Ba’aré Kaka (1919-1954) et de Maiyaki Kaka Daoura (1876-1910), respectivement 12ème et 10ème Souverains du Royaume précolonial du Katarma (actuel Canton de Tibiri)
Par Djibril Baré