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Démenti sur la prétendue rançon et le supposé “accord secret” entre le Mali et le JNIM autour de la libération d’otages émiratis et iranien…

Démenti sur la prétendue rançon et le supposé “accord secret” entre le Mali et le JNIM autour de la libération d’otages émiratis et iranien…

Au lendemain de la publication d’un article signé Samir Moussa le 30 octobre 2025 et relayé sur les réseaux sociaux, prétendant qu’un “accord secret” aurait été conclu entre le gouvernement malien et le groupe armé JNIM pour obtenir la libération de trois otages étrangers, il importe de rétablir les faits à la lumière de sources crédibles et d’éléments vérifiables. Ce récit, qui évoque le paiement de 50 millions d’euros, la livraison de 40 tonnes de munitions en provenance du Tchad et la libération de plus de cent prisonniers djihadistes, ne repose sur aucune donnée tangible, ni sur le moindre communiqué officiel. À ce jour, aucune agence de presse internationale reconnue , ni Reuters, ni l’AFP, ni Associated Press, ni France 24, n’a confirmé la libération des otages émiratis et iranien, encore moins un quelconque transfert financier ou militaire lié à cette affaire.

Les seules informations solides disponibles concernent l’enlèvement signalé fin septembre près de Bamako, reconnu par plusieurs sources sécuritaires. Depuis lors, aucun développement officiel ne fait état d’une libération. Les gouvernements des Émirats arabes unis et de la République islamique d’Iran, tout comme les autorités de la transition malienne, n’ont publié aucun communiqué allant dans le sens de ce prétendu accord. En revanche, le Mali connaît depuis plusieurs semaines une tension d’approvisionnement en carburant, liée notamment à la fermeture temporaire de certains axes et à des perturbations régionales sur les circuits logistiques. Cette crise, bien réelle, est en voie de règlement, le gouvernement malien ayant engagé des mesures d’urgence avec l’appui de ses partenaires pour rétablir progressivement la distribution sur l’ensemble du territoire. Loin d’un effondrement, le pays démontre sa capacité d’adaptation face aux contraintes économiques et sécuritaires.

Par ailleurs, l’idée selon laquelle Bamako aurait cédé aux exigences d’un groupe terroriste contredit la ligne constante des États sahéliens depuis deux ans : celle d’une affirmation souveraine et d’une montée en puissance de leurs armées nationales. Le Mali, comme le Niger et le Burkina Faso, investit massivement dans la reconstitution et l’équipement de ses forces armées. Cette dynamique régionale, portée par la Charte du Liptako-Gourma et le renforcement des coopérations entre États du Sahel, traduit une volonté partagée de reprendre le contrôle de leurs territoires, de sécuriser les populations et de restaurer la dignité militaire face aux menaces terroristes. Dans ce contexte, il est peu vraisemblable qu’un gouvernement engagé dans une telle reconquête accepte de financer ou d’armer ceux qu’il combat avec détermination.

Les épisodes passés de libérations d’otages dans la région, tel celui de 2020, abondamment documenté par la presse internationale, avaient donné lieu à des preuves matérielles : échanges publics, images, communiqués officiels, témoignages des médiateurs. Or, dans le cas présent, aucune trace de cette nature n’existe. Ni les chancelleries concernées, ni les organisations internationales, ni les observateurs de terrain ne corroborent la moindre négociation de rançon. L’article de Samir Moussa apparaît donc comme une construction spéculative sans fondement factuel, destinée à fragiliser la crédibilité du gouvernement malien et, plus largement, à nourrir un récit de défiance vis-à-vis des États du Sahel.

La vérité est que le Mali traverse certes une période difficile, mais demeure debout. Son armée, réorganisée et professionnalisée, gagne du terrain. Le Niger, sous la gouvernance du Général Abdourahamane Tiani, a recouvré la pleine maîtrise de ses ressources stratégiques et renforce sa sécurité intérieure. Le Burkina Faso, sous la conduite du Capitaine Ibrahim Traoré, poursuit la même trajectoire de souveraineté opérationnelle. Ensemble, ces pays bâtissent un espace de résistance et de stabilité face aux ingérences extérieures et à la désinformation.

Ainsi, il convient d’affirmer avec rigueur que le récit d’une rançon, d’un transfert d’armes et d’un accord secret avec les terroristes est dénué de fondement. Aucun élément vérifiable ne vient appuyer cette version. L’information relève davantage d’une manœuvre de déstabilisation médiatique que d’un fait avéré. L’État malien, comme l’ensemble des gouvernements sahéliens, poursuit au contraire sa marche vers la souveraineté, la sécurité et la consolidation nationale.

Par Ousmane Jazy Souleymane, Ingénieur et Analyste nigérien